mercredi, 21 janvier 2009
De la confiance
Comptez rarement sur l'estime et la confiance d'un homme qui entre dans tous vos intérêts, s'il ne vous parle aussitôt des siens.
[Vauvenargues]
Je le savais, d'expérience. A tout donner, on risque de tout perdre. Je l'ai expérimenté plusieurs fois, et j'ai constaté que je ne pouvais pas me changer. Devenir une autre : méfiante, sur ses gardes, attentiste, observatrice et sur le jugement. Surtout au début d'une relation, je ne suis pas comme cela. Je dis tout : je dresse le tableau de ce que je suis, dans mes faiblesses comme dans mes forces ; c'est à prendre ou à laisser. Si, à l'inverse, l'autre me renvoie le même message, si les confidences sont égales de part et d'autre alors pourquoi ne pas tout donner, se lancer et prendre le risque ?
C'est toujours un risque, de donner. De s'offrir...
Là il m'avait semblé que lui me disait tout. Il me disait qu'il était prêt à cette nouvelle histoire qui se profilait. Il me disait avec une si grande conviction que son dur passé était derrière lui et qu'il se sentait la force d'aller de l'avant. Biensûr j'étais étonnée par cette période de deuil si courte après une si grande souffrance et un si grand amour. Biensûr, j'en étais ébahie, et j'ai même rapidement admiré sa force, son courage, il me semblait tellement surhumain ! Moi, je n'aurais pas pû reconstruire aussi vite après avoir perdu l'être aimé, après l'avoir accompagné des mois durant. Non, moi j'en aurais été incapable mais lui si. Je le trouvais tellement formidable d'arriver à reléguer le passé derrière lui, d'arriver à se remettre sur ses deux jambes pour commencer une nouvelle vie. Je l'admirais, et je lui ai donc fait confiance, naturellement. J'ai tout fait pour le soutenir dans les moments difficiles qu'il était logique de vivre. Toutes les premières fois sont douloureuses et j'ai donné tout ce que je pouvais pour juste être là, le soutenir quand il le fallait, l'encourager et le tirer vers l'avant quand je sentais qu'il le fallait.
En fait, il a présumé de ses forces. Le deuil est obligatoire, pour tout etre humain normalement constitué. Il demande du temps. Il demande de la patience et maintenant je me dis que biensûr, c'était évident ! J'aurais pu choisir de m'éloigner tout de suite, de refuser ce challenge. Je ne l'ai pas fait parce que je nous pensais unis, ensemble et amoureux donc invincibles.
Mais cela n'était possible que dans la reconnaissance de la souffrance, des passages difficiles à passer à deux. Cela aurait été possible s'il m'avait parlé de ses difficultés. S'il avait reconnu ses faiblesses au lieu de les taire, s'il avait accepté d'être simplement humain et non superman. S'il avait partagé et demandé de l'aide, au lieu de s'emmurer dans ses silences et de répéter que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes... Là aussi, je lui ai fait confiance et je l'ai cru. S'il souhaitait gérer certaines difficultés seul, je ne pouvais pas m'immiscer contre sa volonté.
La confiance que j'avais dans "les hommes en général" n'était pas très élevée, avant lui. Désormais, elle a disparu. Car plus jamais je ne pourrai faire confiance à un autre. Plus jamais je ne pourrai croire un homme, quoiqu'il me dise, me promette ou projette, je ne pourrai plus jamais croire ce qu'un homme me dira.
J'ai au moins compris cela. Seuls les actes comptent et les actes auraient dû m'alerter. Je n'ai pas pris ces alertes pour aussi sérieuses qu'elles étaient. J'aurais dû et je ne l'ai pas fait. Désormais je ne croirait plus personne tant que les actes ne seront pas en adéquation.
Et il faudra une bonne quantité d'actes pour que je croie les paroles.
C'est certain.
[Listening to : Alanis Morissette - Madness]
[Humeur : Désabusement total]
10:35 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (0)
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