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mardi, 22 mai 2007

Le jardin

J'ai 6 ou peut-être 7 ans. Je cours et claque la porte derrière moi. Mes pas font ce son si caractéristique sur les graviers du jardin. J'arrive au hangar à mobylettes. Ouvert, tout jaune en plastique transparent. J'aime me cacher là lorsqu'il pleut et écouter les gouttes tomber sur le toit. Ca fait un bruit bizarre. Je grimpe sur le solex. Je n'ai pas le droit, je le sais mais tant pis, personne ne le saura jamais. J'envie mes frères et soeurs qui ont le droit, eux, de s'en servir en vrai.

Plus loin, il y a le garage à vélos. Celui-là il me fait peur, il me met mal à l'aise. C'est probablement de là que vient ma peur des airaignées. Il est tout vieux, il y a plein de bazar, même sans porte, il est grand et donc tout noir, avec des toiles d'araignées partout, des bric à brac empilées, amas de jouets, d'outils, de vieux vélos déglingués. Je n'aime pas trop franchir le seuil alors je file vers le portique.

J'ai posé une échelle contre un arbre. Mon grand jeu c'est de balancer le trapèze et de sauter depuis l'échelle pour faire la trapéziste. Je voudrais faire ça plus tard : trapéziste. Voler dans les airs et faire des figures. Tout là haut.
C'est facile, même moi j'y arrive ! Je m'accroche aux anneaux de fer. Bof, on ne peut pas faire grand chose avec ça, tant pis, je m'en vais.

Me voilà au pied du sapin. Il est tout biscornu mais je l'adore. Je me cache dedans, je grimpe aux branches et je retrouve ma cachette, tout en haut. J'y emmène mes poupées, un livre et je reste là, à m'inventer des histoires. Lorsque j'entends qu'on m'appelle je ne bouge pas... Et si je n'étais plus là, ca ferait quoi ? Une de plus, une de moins... Finalement les frères et soeurs s'y mettent à plusieurs. Il faut que je me montre vite avant que l'on ne découvre ma cachette.

On se lance dans une partie de ping-pong. j'aime bien ces parties où l'on est trop nombreux pour vraiment jouer, où on tourne autour de la table à 7 ou 8 ou plus. Où l'on se repasse les raquettes en courant. Où d'une balle on se fait éliminer. Où l'on éclate de rire tous ensemble. Je me défends au ping-pong, et les frères et soeurs l'admettent. Impression fugace de pouvoir me mesurer à eux tous, moi la petite dernière.

Elles auront été rares, les années de jeux tous ensemble... Forcément, passé un certain âge, jouer avec les petits c'est la honte. Et quand on est dans les petits, qu'on sollicite une partie de chat ou de dello et qu'on essuie les "nan j'ai un truc à faire", on comprend qu'ils grandissent, qu'ils n'ont plus envie, qu'il ne faut pas les embêter avec ça.

Etrangement, la suite me revient comme étant essentiellement solitaire. Très solitaire. Malgré notre nombre, les allers et venues, les frères et soeurs en permanence ici et là, je passais, je glissais. J'avais l'impression d'être transparente, en trop. Je n'existais que par le rôle de "petite dernière". En dehors de cela, moi ou un(e) autre, vu le nombre, quelle différence cela pouvait-il faire ?

Les enfants uniques rêvent souvent de famille nombreuse...
Combien d'enfants de familles nombreuses ont rêvé d'être enfant unique ??

J'en faisais partie.

On n'a jamais ce qu'on veut, dans la vie !..

Commentaires

C'est aussi parce qu'on n'a pas toujours ce qu'on veut qu'on fait des efforts pour avoir certaines choses qu'on sait accessibles avec un peu de bonne volonté. Si on avait toujours eu tout ce qu'on a voulu on serait terriblement blasés, non ?

Écrit par : marco | mardi, 22 mai 2007

Très probablement en effet. Mais quand c'est un système de pensée, tu vois? Le genre "arrête de rêver cela ne t'arriveras jamais !", tu finis par te résoudre à ça. Mes rêves ne se réaliseront jamais. Point.
Difficile par la suite de s'extirper ça de la tête et de se donner les moyens d'y croire. On ne se les rend plus accessibles à soi-même en qq sorte, on se l'interdit inconsciemment.
Ché pas trop si c'est super clair ma réponse là ! mouarff vais aller boire un café, ca ira mieux après !

Écrit par : bullet | mardi, 22 mai 2007

J'ai des choses à dire !! Enfin à écrire...

Tout d'abord, en tant que membre éminent de la caste des enfants uniques, je tiens à affirmer que je n'ai jamais eu envie d'une famille nombreuse... jusqu'à tout récemment. Enfant, j'étais solitaire (je le suis toujours un peu), et m'en contentais. Mais avec le recul, je me rends compte que j'aurais bien aimé avoir un grand frère ou une grande soeur à prendre en modèle, et à qui confier mes états d'âme (parce que les parents, c'est bien connu, y comprennent rien).

Concernant les rêves (et ça rejoint un peu le billet précédent), je pense que si on n'a même plus la capacité de rêver, alors que nous reste-t-il ? Beaucoup de nos rêves sont fous, certes (moi par exemple, j'aimerais bien vivre suffisamment longtemps pour voir ce que le genre humain va arriver à faire de lui-même), mais d'autres sont plus accessibles, et ii faut se donner les moyens de les réaliser (dans la mesure du possible, je suis conscient qu'"on choisit pas sa famille"). Il vaut mieux avoir des remords, que des regrets, paraît-il...

PS : Je vais p'têt arrêter les commentaires sérieux, ça donne mal à la tête ces trucs-là !!! :-)

Écrit par : Simba | mercredi, 23 mai 2007

;) Simba... riche de multiples choses. Déjà : ça fait quoi d'être tout seul, tout le temps ? Y'a pas des moments où c'était génial, cette solitude ? Ensuite c'est vrai que plus on vieillit, plus les liens d'adultes se tissent et c'est une relation différente qui s'instaure, on comprend des choses, on découvre l'histoire de chacun(e) et là ca devient sympa (enfin moi j'en ai trouvé 1 sur 13 !) Là ca vaut vraiment la peine !
Au sujet des rêves, en effet c'est utile de rêver, mais j'ai encore constaté récemment qu'on rêve différemment. Je n'ai que des rêves "réalisables" (qui peuvent un jour se réaliser ! oui oui comme rencontrer kiefer sutherland ! ben quoi ? pourquoi pas d'abord ??). J'en connais qui n'ont que des rêves irréalisables quoiqu'il arrive, hormis grâce à une fée...

Perso, jamais de remords ni de regrets. j'assume mes choix et je regarde devant (enfin cette note l'illustre assez mal !)

Écrit par : bullet | jeudi, 24 mai 2007

Je pense que tout de même, lors des grandes tablées, tu dois être contente d'avoir une grande famille... moi je trouve ça formidable :o) Mais c'est sûr que quand on vote pareil, c'est mieux ;o)

Écrit par : Beside | jeudi, 24 mai 2007

Y'en a plus, de grandes tablées, faut louer une salle alors on oublie ! si on votait tous pareil, ca ferait direct un bon % en plus pour le (la) candidat(e) ;)

Écrit par : bullet | jeudi, 24 mai 2007

Wawww !!! ^^ Moi j'aime bien cette idée de grande famille !! Mais perso je ne m'en sens pas d'avoir 10 000 enfants. 2 ça serait bien.

Écrit par : Beside | jeudi, 24 mai 2007

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