Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 22 janvier 2009

Réflexions

A force de réfléchir, on tourne en rond, et c'est exactement ce que je fais. Je ne cesse de me demander ce que j'ai fait, depuis un an, pour en arriver là. Je repasse le film, les mois, mon comportement et je replace dans le contexte présent, avec le regard critique qu'il porte certainement sur tout à retardement.

On est comme on est, et j'ai été comme je suis. Aujourd'hui il me reproche cela : d'être comme je suis, de n'avoir pas fait assez d'efforts aussi, certainement, pour arrondir les angles et assouplir mon caractère. Chose que j'aurais pu faire, que par moments j'ai hésité à faire... Et à chaque fois j'ai repensé "sois toi-même, c'est ce qu'il t'as demandé !" et d'ailleurs comme il ne réagissait jamais ni à mes coups de blues ni à mes coups de colère, j'ai pensé naïvement qu'il s'en accomodait et qu'il m'aimait ainsi. Il le disait, pourquoi et comment ne l'aurais-je pas cru ? Je pensais qu'il m'aimait sincèrement comme j'étais. Que tout serait donc fluide par la suite, comme cela l'avait été au début. Sotte que je suis !

J'ai toujours été honnête et franche, dit les choses au fur et à mesure, discuté de tel ou tel point qui me chiffonnait, et tout se réglait tout seul ! alors pourquoi aujourd'hui tout a changé ? Ce n'est tout de même pas ma faute s'il reste égal à lui même, qu'il nage dans le bonheur ou souffre dans son coin en silebce d'une de mes attitudes ! Il pense que tout devrait être naturel, fluide, normal comme avec son ex. Je demande encore à voir s'il était le même alors ; parce qu'avant la maladie, il ne faisait rien. Ni cuisine, ni repassage, ni linge, ni ménage. Il a dû s'y mettre par la force des choses, ce n'était pas un choix. Et moi j'arrive là-dessus, je trouve l'homme parfait qui s'assume et je me dis que c'est vraiment une chance d'avoir trouvé un homme qui se prenne en charge comme cela ! En fait, pas du tout : il attend que je prenne le relais, et ce n'est pas ce que je veux, ce n'est pas ce que j'ai choisi, ni ce que je suis. Je me suis battue pour gagner cette liberté, il le savait depuis le 1er jour et maintenant c'est devenu une tare ?

En fait, il n'a rien accepté de ce que je suis, puisque désormais il établit le relevé de notes et me présente la facture. Comment ai-je pu être aussi naïve et croire à ce point que cette fois, c'était vraiment le bon ? Oui, j'aime traîner à regarder des films le WE, non je ne cuisine pas, oui je me contrefous du ménage et je suis bordélique, oui, j'ai un "sale caractère de cochon", oui je ne suis pas facile à vivre... mais de tout cela je lui ai parlé d'entrée de jeu et rien ne posait à priori alors de problème. Par la suite, je me suis dit qu'en faisant chacun un pas l'un vers l'autre en s'adaptant ensemble à l'autre on arriverait facilement à vivre ensemble. Il suffit juste d'en avoir le désir et d'aimer. Il ne suffit pas de se contenter de vouloir vivre au présent sans se prendre la tête et en fourrant justement la tête dans le sable quand quelque chose dérange. J'affronte toujours les problèmes au fur et à mesure qu'ils se présentent, parce que pour moi un couple c'est avant tout le partage. il a 45 ans de vie passée, moi 42. On a forcément chacun nos façons de vivre personnelles, nos façons de faire et c'est en discutant, en partageant qu'on évolue, qu'on adopte parfois le comportement de l'autre comme meilleur que le sien propre, qu'on grandit, qu'on construit.

Seulement là, tout est construit. L'appart a été trouvé par son ex, acheté par lui, décoré et aménagé par eux, équipé complètement et je dois uniquement venir avec mes valises et m'intégrer au décor. Et puis aussi, si possible, me lever le matin avec le sourire, préparer les repas en chantonnant, repasser en en riant, faire le ménage et laver les carreaux en rigolant (chez lui en plus de chez moi, ceci dit, puisque j'ai quand même aussi mon propre appartement !). A croire que son ex était la femme plus que parfaite, faisait cela sans jamais broncher et se réjouissait des tâches quotidiennes... parce qu'elle était malade forcément elle prenait la vie autrement que moi, je suppose, et maintenant qu'elle hante les lieux, je dois juste m'adapter sans broncher ni remettre en cause le moindre aménagement, le moindre meuble ; me délester de tous mes "meubles de récupération sans aucune valeur", me débrouiller seule pour refourguer mes appareils ménagers, mes affaires, mon lit, le moindre de mes objets car son appart' est plein et que de toute façon cela fera "tache" dans le décor.

Je dois signer un chèque en blanc. Il m'y pousse depuis le début, me met la pression parce qu'il faut que tout cela se fasse vite, de crainte qu'il ne se retrouve seul ; et je freine parce que je me connais, je sais que j'ai 2 enfants, j'ai la tête sur les épaules et même si je lui fais confiance pour ne pas me laisser sur la paille en cas de problème (disait-il), il n'en reste pas moins que ce sont des paroles, que je connais mes défauts et mon caractère, que je sais que rien ne se fera d'un claquement de doigts et surtout que "qui veut voyager loin ménage sa monture". Je n'ai pas donné mon préavis, je lui ai dit que je préférais qu'il vive après le départ de sa fille un peu seul chez lui, histoire de voir comment il se sentait solo dans son environnement, et qu'il fasse un choix pesé et mesuré. J'ignorais alors ses doutes, ses questionnements et les remises en question qui ont alors fait surface d'un seul coup d'un seul, sans que je ne comprenne le pourquoi du comment. Il a voulu aller trop vite et maintenant voilà le résultat. Il ne peut pas envisager de vivre seul, c'est cela aussi le souci. Moi j'aime la solitude, je suis indépendante et je ne l'ai jamais caché. Lui ne supporte pas l'idée de se retrouver face à lui-même, cela ne l'intéresse pas. Seulement je ne suis pas là pour combler un trou, ni pour faire de la figuration. Oui j'attends aussi des choses de mon côté, cela me semble normal quand on construit à deux ! sinon autant construire seul !

Maintenant j'ai compris qu'il réalise (enfin) les éventuelles difficultés qui peuvent surgir. A croire que jusqu'ici il n'avait rien réalisé, anticipé, compris de ce qui pouvait se passer si... J'anticipe depuis 1 an, je compose, je construis, je mets pierre sur pierre, je m'engage, j'engage mes enfants, ma famille, mes amis, je crie sur tous les toits que "ça y est ! c'est (enfin) le bon !" et tout à coup, tout s'efface parce qu'il ouvre les yeux sur qui je suis, et que de toute évidence, plus rien ne lui plaît dans ce que je suis. Pourtant je n'ai pas changé depuis le 1er jour, j'ai juste été moi, et cette personne là il ne l'aime pas. Il n'aime qu'une image doucereuse d'une femme souriante et bavarde. Il me reproche désormais d'être la personne que je suis. C'est un peu dur à digérer. J'ai l'impression d'avoir été flouée. Lui aussi, certainement ! Beau résultat.

Alors non, je ne vois pas ce que j'aurais pu ou du faire de plus, de mieux ou d'autrement. La cohabitation c'est une affaire de construction commune, de partage, mais si seul l'un des deux partage parce tout est un détail pour l'autre et qu'il ne veut pas se prendre la tête ni se pencher sur des questions de fond parce que ce n'est pas le moment, ni l'heure ni le jour au final voilà le résultat : on en arrive à ce merdier.

S'il cherche un fantôme, il ne le trouvera hélas plus.
S'il cherche une "femme de maison" ce n'est pas moi.

Si c'est une femme qui l'aime et avec qui il veut construire véritablement à deux, en mettant chacune sa pierre à l'édifice, alors je suis et je reste celle-là. Mais je ne pourrai pas rentrer dans le costume d'une autre, me fondre dans un paysage et jouer les marionnettes. Et cela ne sera pas possible s'il ne m'aime plus, de toute façon...

Or s'il ne m'aime pas telle que je suis, c'est qu'il était amoureux d'une image. Tout ce qu'il aime en moi, c'est ce qui lui fait penser à son ex. Tout ce qui lui rappelle son passé finalement. Et je ne peux pas me mesurer aux morts. Je ne peux ni rivaliser ni imiter les morts. Je l'admirais tant de réussir à faire le deuil ainsi, aussi courageusement, aussi résolument. Mais je n'aurai finalement été qu'un pansement puisque ce n'est pas moi qu'il aime mais une autre qui n'est plus de ce monde.

Finalement elle est toujours là et sera toujours là. Je pensais m'en accomoder, je l'ai d'ailleurs fait depuis 1 an. J'ai accepté beaucoup de choses par amour et parce qu'il avait besoin de souvenirs d'elle dans l'appart'. Je crois avoir été conciliante et compréhensive, mais ce n'est pas suffisant. Il faudrait que je sois elle. Et je ne le peux pas. Hélas.

Les commentaires sont fermés.